Tourisme et énergies renouvelables : les perspectives de demain

mardi 28 juin 2016 Actus du réseau France Communication - Sensibilisation Mobilité et transportsHébergementTerritoires et destinationsActivités et loisirsServices aux entreprises
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Tourisme Durable TweetChat #TDTC : Tourisme & Énergies renouvelables - Avec Énergie Patagée

Chaque mardi, ATD organise un chat' sur Twitter avec un invité spécial. Le 14 juin, Énergie Partagée a pu apporter son expertise et des éclairages sur le sujet des énergies renouvelables. Une réflexion s'est construite avec différents intervenants impliqués dans le développement durable : quelles perspectives pour le tourisme renouvelable de demain ?

Respect de l'environnement, ancrage local, valorisation des ressources du territoire... une démarche touristique durable passe aussi par une réflexion sur les manières de produire et réduire l'énergie dont nous avons besoin.
Petit tour d'horizon des solutions de demain.

Cliquez sur [les noms des intervenants] ayant participé au chat' pour accéder à leur compte Twitter.

EN QUOI LE SECTEUR DU TOURISME EST-IL CONCERNÉ PAR LES ÉNERGIES RENOUVELABLES ?

Le tourisme est un secteur aux enjeux énergétiques forts : transports, hébergement… Il est important, même en vacances, de limiter ses consommations et émissions de carbone.

Comment ? En prenant en compte l’impact énergétique dans le choix de son séjour [Bruno Bonniol].

Certains éco-sites montrent déjà l’exemple en proposant des solutions d’hébergements en totale autonomie énergétique, comme le Bosque Del Cabo au Costa Rica [Christophe Giroud].

Pour Énergie Partagée, le tourisme durable peut être une occasion de découvrir des façons de mieux vivre ou de vivre différemment, en utilisant uniquement des énergies propres et durables... Et qu’on ne s’y trompe pas : on peut rester fidèle à ses convictions écologiques sans mettre de côté ses exigences de confort !

ÉNERGIES RENOUVELABLES : QUELS ENJEUX POUR LES TERRITOIRES ET ACTEURS LOCAUX ?

L’enjeu principal du développement des énergies renouvelables est la réduction de nos bilans carbones et de notre dépendance aux énergies fossiles, limitées et polluantes. Pour cela, rien de tel que de rapprocher la demande de production en intégrant les sources d’énergies renouvelables au plus près des territoires, pour aller vers un système décentralisé bien implanté localement et adapté à nos besoins [Guillaume Cromer].

Diffuser ce nouveau modèle de production d’énergie propre nécessite des actions de sensibilisation en amont, auprès des publics locaux. Pour impliquer chacun dans le processus et valoriser au mieux les ressources du territoire, les habitants, élus et collectivités doivent le plus possible travailler ensemble et consulter tous les acteurs locaux concernés.

Du côté des touristes en visite sur le territoire, il est possible de les sensibiliser à ces questions, en leur proposant des parcours qui soulignent l’importance des solutions durables en matière d’énergie.

Par exemple, les “camps énergie" s’adressent aux touristes d’apprentissage : ils favorisent la découverte par l’exploration. Les participants y apprennent de façon ludique comment produire eux-mêmes de l’énergie, notamment à l’aide du soleil.
Au programme : nuits sous tentes munies de panneaux solaires, pour emmagasiner l’énergie qui servira à éclairer le campement ! Des chaudrons "solaires" chauffent l’eau nécessaire pour préparer les repas et faire la vaisselle. Des sacs à dos solaires recuillent l’électricité qui alimentera le cellulaire, l’ordinateur ou la caméra vidéo !

En participant à l'économie locale, les voyageurs contribuent déjà à faire marcher les sites de production de la région, donc d'une certaine manière, à produire eux-mêmes une partie de l’énergie qu’ils consomment pendant leur voyage. D’où l’intérêt de créer de développer les circuits courts : non seulement pour l’alimentation, mais aussi pour les réseaux énergétiques.

LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE : QUEL INTÉRÊT POUR LES PROFESSIONNELS DU TOURISME ?
COMMENT LES ACCOMPAGNER ?

L’enjeu pour les professionnels du tourisme est de proposer des vacances durables à leurs clients, tout en maintenant un prix accessible et une expérience client optimale [Bruno Bonniol]. C’est le choix qu’a fait le Solar Hôtel à Paris, hôtel écologique et économique, membre du réseau Acteurs du Tourisme Durable.

L’intérêt est double : réaliser des économies d’énergies et passer au renouvelable, c’est une opération rentable à moyen terme. En plus de sauvegarder la planète en produisant plus propre, l’argument écologique peut renforcer l’attractivité des sites touristiques, donc attirer de nouveaux publics sensibles à ces questions.

C’est le pari que fait le gîte du Loubatas : alimenté en énergie 100% verte, l’ensemble de son offre d’hébergement est axée sur la pédagogie autour des enjeux de l’énergie renouvelable et de l’écologie en général.

Routes de l’énergie, visites d’éoliennes… Intégrer la dimension pédagogique dans les séjours pour expliquer d’où vient l’énergie qui alimente les lieux que l'on fréquente : ce sont des découvertes qui enrchissent un voyage !

Outre les subventions - pour rénovation thermique entre autres -, des structures spécialisées développent déjà des dispositifs d’accompagnement pour les professionnels du tourisme dans leur transition énergétique.

Le CEDER accompagne depuis plusieurs années les hébergeurs touristiques dans leurs projets d’installation en énergies renouvelables. Il participe à des réflexions plus globales avec les acteurs touristiques locaux (association des gîtes de France, offices de tourisme …) pour encourager un tourisme conciliant développement économique, respect des capacités d’accueil et des ressources des territoires. On peut aussi imaginer un système de labellisation plus approfondie des éco-sites, qui valoriserait leurs efforts énergétiques.

QUELLES SONT LES ATTENTES DES TOURISTES EN TERMES DE CONSOMMATION ÉNERGÉTIQUE ?
COMMENT Y RÉPONDRE ?

La prise de conscience “tourisme durable” : où en est-elle ?

En Occident, après des dizaines d’années de surconsommation et consommation “inconsciente”, nous voyons émerger des consommateurs plus “éclairés” et le secteur des vacances n’y échappe pas : comment ça marche ? Pourquoi ? Qui fait ça ? De plus en plus de voyageurs demandent la transparence des produits, services et structures auxquels ils ont recours, et souhaitent comprendre leur environnement pour mieux s’y intégrer.

On voit apparaître un “tourisme de l’énergie pour voyageurs éclairés” avec prise en compte de l’environnement et des ressources locales. L’envie d’expériences innovantes et la curiosité des voyageurs se tourneraient aujourd’hui vers le “moteur” du tourisme, un secteur au coeur de l’innovation technologique : l’énergie. D’où vient-elle ? Comment est-elle produite ? [Énergie Partagée]

Les recherches de la University of Natural Ressources and Applied Life Sciences Vienna sur le “tourisme de l’énergie” distinguent deux types touristes : les premiers, amateurs de visites guidées et séminaires, les seconds, touristes “loisir et agrément” friands de découverte par l’exploration et d’expériences ludiques.

En route vers des destinations touristiques énergétiques ?

C’est déjà le cas de Güssing en Autriche, une ville devenue 100% autonome en énergie grâce à une aide de l’Union Européenne pour le développement d’un Centre Européen des Énergies renouvelables, créé en 1995. Il y a 20 ans, les deux tiers des habitants de Güssing étaient au chômage, aujourd’hui la ville est entièrement autonome en énergie - solaire et biomasse - et attire plus de 50 000 visiteurs internationaux par an. Désert touristique jusque dans les années 1990, plus de 60 entreprises s’y sont depuis installées, 1 500 emplois ont été créés et les recettes fiscales ont été multipliées par 5.

Touristes éclairés, destinations autonomes … Peut-on pour autant parler de la fin du tourisme “aveugle” ? Malgré le développement de démarches “éco-énergie”, les attentes des voyageurs diffèrent largement selon le type de touriste, son niveau d’éducation et son budget [Christophe Giroud]. Plutôt que de se concentrer sur la demande de tourisme éco-énergétique, il s’agirait d’imposer des réductions de consommation énergétique aux professionnels du tourisme [Guillaume Cromer] sans diminuer la qualité de l'expérience client et ce, grâce à l'innovation.

La transition énergétique du tourisme, plutôt du côté de l’offre ou de la demande ?

L’Agence Internationale de l’Énergie estime que seulement 50 % des réductions d’émissions de GES proviendront de l’innovation technologique, donc que l’autre moitié devra venir de l’évolution de nos comportements et modes de vie.

Si la transition énergétique des professionnels du tourisme avance de pair avec les comportements de consommation responsables des voyageurs, ne verrait-on pas se développer un cercle vertueux du tourisme durable ?!

LE TOURISME DU FUTUR AVEC ÉNERGIES RENOUVELABLES, VOUS L'IMAGINEZ COMMENT ?

L’avènement d’un tourisme “0 carbone” impliquerait la restructuration des modes de transport touristiques et le développement du tourisme de proximité [Énergie Partagée] : cela questionne le voyage international et l’impact du transport aérien. Si l'on considère la question du changement climatique, nous devons mesurer l’impact de nos voyages et agir sur le “prix climat” tout en maintenant des prix accessibles [Guillaume Cromer].

D’après Énergie Partagée, au-delà d’une réflexion sur notre consommation énergétique, il s’agirait de repenser nos envies, motivations, attentes et perceptions de la “destination touristique”.

L’optimisation énergétique dans l’hébergement est aussi nécessaire. Christophe Giroud imagine des micro-hôtels autosuffisants et mobile “pour pratiquer une hostellerie et inspirer l'apiculture”, ou encore des “hôtels migrateurs” évoluant avec les saisons, sans épuisement des ressources d'un lieu.

Est-ce réaliste de repenser à ce point nos motivations touristiques et modes de transport, lorsque le trafic aérien pourrait doubler en 2030 ? Le développement du low cost penche plutôt du côté de la mobilité internationale que de celui du tourisme de proximité [Cassandre Joly]. Pour la destination France, il est également important de considérer les enjeux économiques, sociaux, et les freins associés à de tels changements [Guillaume Cromer].

Malgré tout, Énergie Partagée nous donne un avis d’expert optimiste : économie et écologie sont compatibles, “la France peut rester leader touristique et devenir leader des énergies renouvelables ».

Les nouvelles technologies apporteront-elles des solutions pour continuer à voyager loin, tout en consommant moins d’énergies fossiles ? Nos motivations touristiques et envies de découvrir le monde permettraient-t-elles de booster l’innovation durable ? [Bruno Bonniol] Le développement de certains projets nous laissent penser que oui : pour un transport 0 carbone, nous pensons notamment à l’hyperloop et au Solar Impulse.

Pour booster la recherche et l’innovation sur les énergies renouvelables, l’optimisme et le ludique fonctionnent et permettent de renforcer l’attractivité des domaines “verts” : place aux cerfs volants éoliennes, panneaux solaires en spray, imprimables, vraies fausses feuilles d’arbre, toilettes magiques, et autres inventions ! [Claire Batard]. Mais attention, si l’optimisme et le ludique sont au goût du jour, Bruno Bonniol nous rappelle qu’“il faut arrêter de faire du « durable » parce que c'est bien, mais parce qu'on n’a plus le choix”.

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