Français qui ne partent pas en vacances : quelles opportunités pour les professionnels du tourisme ?

mercredi 2 mai 2018 VVF Actus du réseau
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Français qui ne partent pas en vacances : quelles opportunit ...
Universités du Tourisme Durable 2017, le compte rendu de l'atelier n°5

Chaque année, environ 30% de français ne partent pas en vacances. En tant qu’acteurs du tourisme dit « durable », peut-on se satisfaire de ce constat puisque la dimension durable recouvre les aspects environnementaux, économiques ET sociaux d’une activité ? Est-ce une préoccupation à déléguer uniquement au tourisme dit « social » ou est-ce un enjeu à intégrer par tous et pour tous ?

Animé par Delphine Joannet, Responsable RSE chez VVF Villages

 Avec les interventions de :

  • Nicolas TRANCHANT, Fondateur de la start-up Widetrip

  • Marc PILI, Directeur de l’association Vacances Ouvertes

  • Olivier DECARD, Directeur des relations institutionnelles chez Flixbus

 « LES VACANCES PERMETTENT LA CONSTRUCTION CITOYENNE », Marc Pili

Chaque année, Vacances Ouvertes accompagnent 17 000 personnes bénéficiant de minima sociaux dans le départ en vacances. L’objectif des vacances est de permettre d’être un citoyen à part entière et les vacances permettent cette construction citoyenne. Chez Vacances Ouvertes, on part du principe que la dynamique associative en France est dense, nous allons donc accompagner les réseaux d’associations pour leur permettre d’accompagner directement des jeunes, des familles, des personnes en situation de handicap dans la construction de leur projet vacances. Ici, le mot le plus important n’est pas « vacances » mais « projet » car c’est grâce à la réalisation que l’on va pouvoir lever certains freins. Parmi ces freins, il y a le sentiment d’incapacité à transformer le projet en vacances, de se sentir non autoriser par la société de partir en vacances du fait de situation sociale, et plein d’autres car nous allons être amené à travailler sur la remobilisation, le développement de l’estime de soi et donc toutes les fonctions nécessaires à se sentir dans une situation complexe. Il faut souligner que pour la majorité des gens, les vacances sont associées à la fonction bonheur, le droit aux vacances c’est aussi le droit au bonheur.

Grâce à un partenariat très fort avec l’ANCV, où on intervient dans le cadre de sa politique sociale, nous pouvons aussi intervenir sur la question de l’aide financière qui est un frein majeur du non départ. Par ailleurs, on a également développé des méthodologies d’actions et pour impliquer les publics au travers de formation. L’objectif est de faire en sorte que le bénéficiaire soit pro actif dans son projet de vacances, qu’il intègre l’idée de « je suis en situation de fragilité et j’ai le droit aux vacances » et non pas « il ferait mieux de trouver un boulot plutôt que de partir en vacances ». Il faut comprendre que le fait de partir en vacances fait partie de la construction personnelle et professionnelle car l’on se projette. Se projeter constitue un véritable enjeu pour les personnes vulnérables car lorsqu’on évolue dans un environnement complexe et difficile, on a davantage tendance à penser à la seconde qui vient plutôt qu’au moyen terme comme l’emploi. Le fait de se projeter à travers quelque chose de simple comme un projet vacances, que ce soit à 20 km ou à 800m, c’est être en soi, comme tout le monde.

 

« REMETTRE L’HABITANT AU CŒUR DES POLITIQUES TOURISTIQUES ET DE LA PROMOTION DES DESTINATIONS », Nicolas Tranchant

Aujourd’hui on observe de plus en plus de contestations envers les touristes de la part d’habitants résidant dans des grandes villes touristiques (Berlin, Barcelone, Dubrovnik, Venise…). Ces phénomènes semblent traduire une déconnection de plus en plus prégnante venant du rôle des habitants dans l’accueil qu’ils devraient offrir aux touristes venant découvrir leur culture. Dans une recherche d’assurer la pérennité et durabilité du tourisme dans ces destinations, il est important de réfléchir à différentes pistes pour remettre l’habitant au cœur des politiques touristiques et de la promotion de ces destinations par les professionnels du tourisme. Le plus important est que l’habitant ressente les effets positifs de la venue du touriste qui ne vient plus uniquement pour découvrir des lieux incontournables mais aussi rentrer en contact avec les populations. L’habitant pourra alors profiter du lien social mais aussi des retombées économiques.

Plusieurs axes peuvent être étudiés afin d’atteindre cet objectif. De nombreux habitants ont des métiers, des passions, des centres d’intérêt qui méritent à être connus dans le cadre d’un séjour touristique. Le professionnel peut ainsi se positionner pour former les habitants à devenir des ambassadeurs. Concrètement, vous pouvez prendre un artisan et lui apprendre à parler de son métier, le professionnaliser dans la mise en tourisme. Par ailleurs, vous définissez avec lui un tarif afin de lui faire profiter économiquement de la venue des touristes en tant revenu annexe à son activité principale. Deuxième exemple, vous prenez un artiste et le formez à l’aspect culturel et historique d’un lieu pour qu’il puisse en parler mais avec son œil de musicien ! Même si tous ces aspects peuvent paraître, il ne faut jamais oublier qu’une prestation touristique doit être rendue professionnelle, par des professionnels. Le temps de formation est donc indispensable car il ne suffit pas d’être passionné d’un quartier de Barcelone pour pouvoir en parler à des gens prêts à payer pour ça. De la même manière, concernant la restauration, il y a un vrai sujet qui mérite une vraie réflexion : le professionnel se doit d’être force de proposition en privilégiant des restaurants locavores.

Mon propos n’est pas de dire que le « tout habitant » est indispensable mais dans le cadre de cet atelier, cela représente une double opportunité : le tourisme peut être un levier social et économique pour des publics fragilisés dans le cadre par exemple de la mise en tourisme d’un quartier, le tourisme de proximité dans le cadre par exemple de balades urbaines, de redécouverte d’un quartier près de chez soi, peut être proposé aux non partants. La ré-implication de l’habitant dans le tourisme n’en est qu’à ses prémisses et il est nécessaire pour les professionnels d’y réfléchir sérieusement afin d’assurer la pérennité des destinations.

 

« 900 000 PERSONNES N’AURAIENT PAS VOYAGÉ SANS L’EXISTENCE DES CARS MACRON », Olivier Decard

La libéralisation du secteur du transport en autocar permise par la loi Macron a entrainé depuis sa création en 2015 une multiplication des lignes et la facilitation des déplacements à bas coûts. Flixbus est donc aujourd’hui le plus grand réseau de car longue distance en Europe. Fin 2016 en France, le réseau Flixbus représente 52% du marché français, plus de 200 villes desservies et a facilité le déplacement de plus de 5 millions de voyageurs. Il faut bien sur noter que le développement du transport en car constitue une alternative écologique et agréable au transport individuel, mais aussi aérien. Alors qui voyage avec nous ? Le cœur de cible et le profil type de l’utilisateur Flixbus est un jeune entre 18 et 25 ans, une légère majorité de femmes et une majorité d’étudiants mais nous avons également vu apparaître différents groupes de populations : des familles, des seniors, des personnes voyageant seules.

Dans le cadre de notre atelier, il est important de retenir ce chiffre : 900 000 personnes n’auraient pas voyagé sans l’existence des « cars Macron ». L’offre de transport à bas coût que représente le car peut ainsi être une solution apportée aux non partants pour des raisons économiques mais aussi pour ceux qui ne disposent pas de véhicules.  Chez Flixbus, nous poursuivons également nos efforts pour être partenaire des collectivités dans le développement et l’attractivité de leur territoire. Il y aurait tout un travail d’identification de nouvelles actions de partenariats, de réductions, de communication à mettre en place auprès des publics visés.

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Les vacances pour tous : un droit citoyen ?

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