Description de la ressource
L’association AIDA-IREST a pris l’initiative de proposer le 6 décembre 2018, une rencontre professionnelle pour faire un point sur le surtourisme, préalablement à la remise des Palmes du Tourisme Durable organisée par Tourmag.com et Acteurs du Tourisme Durable à La Cartonnerie, magnifique espace de réunion au cœur du 11ème arrondissement de Paris.
Les médias et toutes les rencontres professionnelles se mobilisent depuis 2017 sur le thème de la "tourismophobie", néologisme barbare, qui désigne les réactions des populations locales, générées par le surtourisme ressenti ("overtourism" dans les conférences internationales). En fait, ce phénomène ancien connait une accélération amplifiée par la conjonction de plusieurs facteurs : l’augmentation avérée des flux internationaux concentrés dans un temps (parfois court) et un espace (souvent restreint) sur les sites et pôles touristiques majeurs, la progression des incivilités, l’explosion d’hébergements alternatifs sur des destinations majeures, etc. Et la presse et les médias sociaux se sont saisis du sujet avec un effet loupe qui en amplifie la portée (un sujet … "overmédiatisé" ?).
Le constat est toutefois sans appel : la surfréquentation génère concrètement des déséquilibres parfois majeurs sur certains territoires d’accueil.
C’est en 2016 que le mot "surtourisme" (ou "overtourism" en anglais) a pour la première fois été utilisé par Skift, plateforme d'information et marketing pour l'industrie du voyage :
https://skift.com/2016/08/23/exploring-the-coming-perils-of-overtourism
Ce terme définirait "l’impact du tourisme sur une destination ou toutes parties de celle-ci, qui influence de manière excessive la qualité de vie perçue par les locaux et/ou la qualité des expériences perçues par les visiteurs de manière négative" (cité par https://www.clicalsace.com ).
Le "surtourisme" se traduit par une transformation "de destinations où les hôtes et les invités, locaux ou visiteurs, estiment que le nombre de visiteurs est trop élevé et que la qualité de vie ou la qualité de l’expérience dans cette zone s’est détériorée de manière inacceptable" ( Source : https://responsibletourismpartnership.org ).
Les progressions annoncées de la population mondiale, mais aussi du nombre de touristes entrants par grande région du monde, ou encore du nombre de passagers aériens à l’horizon des toutes prochaines années, vont immanquablement accroître le phénomène de concentration des flux de visiteurs aux mêmes dates sur les sites majeurs (95% des touristes sur 5% des terres selon l’Organisation Mondiale du Tourisme). S’il existe encore des voix pour minorer le phénomène, notamment en France, le sujet s’invite systématiquement dans toutes les conférences internationales et autres rencontres professionnelles du tourisme de ces derniers mois. Ceci devrait alerter décideurs et acteurs sur la nécessité de se remémorer quelques notions fondamentales pour organiser un développement touristique raisonné.
Le site http://www.voyageons-autrement.com a mis en ligne une carte (évolutive) des sites exposés aux risques du surtourisme, du moins les destinations citées dans les médias comme souffrant de sur-fréquentation touristique :
http://www.voyageons-autrement.com/carte-du-monde-tourisme-de-masse-surtourisme
Des régulations devraient s’imposer, du point de vue :
- de l'offre (professionnels, institutions diverses, décideurs locaux, …)
- de la demande (sensibilisation/responsabilisation des touristes-citoyens, …)
- et bien sûr des habitants des territoires d’accueil,
afin que le tourisme soit réellement une activité contribuant au développement, pour l’amélioration des conditions sociales et matérielles de vie des populations réceptives.
Des enjeux essentiels se profilent derrière la régulation du surtourisme :
- la démocratisation préservée : il s’agit de conserver l’accès aux voyages pour tous,
- la responsabilisation des acteurs : les voyageurs, les professionnels, les élus et la population locale.
Parmi les principaux symptômes de la "tourismophobie" (qui correspond de fait à la perception négative des touristes par les habitants), on retiendra en vrac : perte de qualité de vie et de tranquillité des résidents / dégradation de l’environnement / conflit d’occupation de l’espace / impacts négatifs sur la culture locale / flambée des loyers / etc.
… sans oublier une qualité détériorée de l'expérience touristique !
Le diagnostic est sans appel, le même dans toutes les situations : systématiquement, des équilibres rompus ou en péril.
C’est ce qui a motivé AIDA-IREST à réunir une table ronde d'experts de haut niveau, pour examiner les pistes de traitement des problèmes identifiés, lesquelles permettront de ré-enchanter les destinations et de déclencher une vague de "tourismophilie" parmi les populations concernées oui, certaines solutions ont déjà été trouvées et expérimentées !
< Soline Archambault est Directrice du Réseau des Grands Sites de France [RGSF].
< Cécile Chamussy est Responsable des publics touristiques à la RATP [RATP].
< François Perroy est Cofondateur d'Agitateurs de Destinations Numériques [ADN] et Directeur de l’agence Emotio Tourisme, spécialisée en marketing ; il est Cofondateur et blogueur à etourisme.info
< Julien Buot est Directeur d’Agir pour un Tourisme Responsable (ATR) et Secrétaire Général d’Acteurs du Tourisme Durable (ATD) [ATR / ATD].
< Karima Delli est Présidente de la Commission transports et tourisme au Parlement européen [CTTPE].
< Emmanuel Meunier est Directeur associé de TCI Research [TCI].